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Texte de présentation
Joelle Bordet - Avril 2014
 

Le réseau de recherche-action, « Jeunes inégalités sociales et périphéries », une initiative collective pluridisciplinaire, internationale qui associe des pédagogues et des chercheurs. La création du réseau international et interdisciplinaire « Jeunes, inégalités sociales et périphéries » en 2007En 2007, J. Bordet, directrice de recherche au CSTB dans le Département Economie et Sciences Humaines, a pris l’initiative de créer un réseau de recherche-action associant des psychanalystes, des linguistes, des psychosociologues avec lesquels elle avait créé des coopérations souvent depuis plusieurs années dans plusieurs pays. Ainsi des chercheurs du Brésil, de la Russie, du Mexique, du Liban, d’Israël, de Palestine et de France se sont réunis et ont réfléchi à définir un objet partagé : comment mieux comprendre les conditions de vie des adolescents et des jeunes adultes ainsi que leur processus « pour faire leur adolescence ».

 

L’ensemble de ces chercheurs sont francophones et partagent un intérêt pour les travaux cliniques de l’adolescence. Ces premières années ont permis d’échanger sur nos travaux de recherche et de construire cet objet partagé. La réalisation du numéro « Droit de cité »[1] avec la revue Adolescence a concrétisé cette élaboration collective.Ces séminaires ont permis de tisser des liens et de commencer à construire des problématiques partagées mettant en résonance des dynamiques et des situations sociales très différentes. Ainsi, selon les contextes, les notions d’adolescence, de jeunes urbains, des rapports entre centre et périphéries mais aussi de la violence et de la paix s’incarnent différemment, cependant nous avons repéré des enjeux partagés concernant ces jeunes, leur rapport à l’avenir, à leur socialisation, à leur place et à leur rôle dans cette mondialisation.Nous avons alors collectivement éprouvé l’intérêt d’ouvrir ce réseau d’élaboration à des pédagogues et nous avons fait le choix de créer des recherches-actions collectives impliquant à la fois les pédagogues, les chercheurs mais aussi les jeunes eux-mêmes. Nous avons souhaité créer les conditions d’accueil, d’écoute, de dialogue avec les jeunes eux-mêmes issus de ces différents pays. « Être jeunes des périphéries urbaines ? »

 

Une recherche-action associant des jeunes, des pédagogues, des chercheurs et des artistes de différents pays. Année 2010. En 2010, les chercheurs et les pédagogues en Russie et au Brésil ont réalisé des films avec des jeunes adultes concernant leur vie et leur adolescence. L’analyse de ces films de façon collective nous a incités à créer dans six sites en France, soit deux services jeunesse, deux clubs de Prévention spécialisée, deux lycées professionnels[2], et dans les différents pays[3], la réalisation de films-entretiens avec les jeunes entre 16 et 20 ans, tous sur les mêmes questions : comment était votre adolescence ? Quels rapports au travail, à l’utilité sociale ? Quels rapports à l’amour, la famille, la réalisation de soi ? Quels rapports à la citoyenneté locale, nationale, internationale ?

 

Dans les différents sites, des pédagogues et des chercheurs ont créé ces films-entretiens en mettant en œuvre des démarches d’ateliers d’écriture, de films documentaires, de débats collectifs. Après avoir analysé ces premiers documents, nous avons alors défini des questions transversales, des mises en résonance. Nous avons alors souhaité analyser ces films-entretiens avec les jeunes eux-mêmes, et avons envisagé la mise en place d’une rencontre internationale de ces jeunes dans le cadre d’un séminaire de recherche associant ainsi les jeunes, les pédagogues, les artistes et les chercheurs. La réalisation de démarches auprès de l’Ambassade de France au Brésil, l’obtention de financements par des conseils régionaux dans le cadre de coopération avec le Sénégal, l’implication de la FICEMEA (Fédération internationale des centres d’entraînement aux méthodes d’Education active) et de l’association 2KZ à Decazeville dans la mise en œuvre d’un programme « Jeunesse en action », nous ont permis de réunir les moyens pour réaliser ce souhait collectif. Ainsi, nous avons accueilli dans un séminaire à Souillac, au lycée professionnel, quatre-vingt-dix jeunes venus de France, d’Italie, du Sénégal, d’Israël, de Palestine, de Russie, d’Ukraine, du Brésil, des chercheurs de ces différents pays, des pédagogues et des artistes. Le séminaire nous a permis à la fois de nous rencontrer, de vivre ensemble mais aussi de mener dans toutes les langues l’analyse de ces films-entretiens. Nous avons mis en place à cet effet un dispositif d’analyse collectif et de réflexion partagée ; la présence des artistes a permis d’autres modes de rencontre ; de nombreux jeunes étaient eux-mêmes dans des dynamiques créatives. La découverte de la région puis le retour à Paris le 14 juillet, a aussi permis une rencontre de la France. Depuis ce séminaire, les jeunes échangent entre eux sur Facebook et traversent ensemble les conflits géostratégiques. Une des jeunes israéliennes, après avoir rompu lors de la dernière guerre israélo-palestinienne, a repris les échanges avec les jeunes palestiniens… La création d’un ouvrage « Adolescence et l’inspiration démocratique. Ecouter les jeunes des quartiers populaires » en 2013-2014. Au cours du mois de novembre 2012 nous avons réuni tous les membres du réseau international, chercheurs, artistes, pédagogues. La première journée a eu pour objet d’analyser les contenus de la rencontre de cet été et ses effets par rapport aux jeunes et par rapport aux dynamiques de travail sur les différents sites.En référence à cette expérience collective, aux analyses menées, aux situations interculturelles et sociopolitiques traversées ensemble, nous avons commencé à élaborer une problématique de recherche collective sur le thème « Les jeunes des quartiers populaires urbains, et l’inspiration démocratique à l’adolescence ». L’élaboration en référence aux travaux de recherches de Philippe Gutton et avec lui-même, avec Jean-Pierre Goudailler, linguiste mais aussi avec Teresa Carreteiro, chercheur psychosociologue brésilienne, Fatima Sudbrack, chercheur psychologue, Henri Cohen Solal, psychanalyste israélien, Andrei Chtcherbakov, chercheur pédagogue russe, Mama Sow, professeur en pédagogie au Sénégal, et l’ensemble des participants de ce réseau a permis de donner naissance à la conception d’un ouvrage. Aujourd’hui, en avril 2014, cet ouvrage, dont les auteurs sont Philippe Gutton et Joëlle Bordet, est écrit avec la contribution des expériences, des démarches, des réflexions et des analyses de nombreux membres de ce réseau. Cet ouvrage édité par les Éditions Inpress sera présenté et mis au débat lors d’un colloque organisé par le CSTB, les Éditions Inpress, la Revue Adolescence et l’Université de Paris 7. Psychologie clinique le 18 octobre 2014 à l’hôpital des Diaconesses à Paris (cf. programme dans « les événements du réseau »).

 

La participation active de membres du réseau dans les tables rondes de ce colloque permettra d’enrichir ces échanges des réflexions issues de cette démarche à la fois internationale et de recherche collective. La mise en œuvre d’expérimentations collectives pendant deux ans sur le thème de l’ouvrage : les jeunes des périphéries, et les dynamiques démocratiques dans les différents contextes présents dans ce réseau en 2014, 2015. Aujourd’hui le réseau a évolué de nouveaux sites français nous ont rejoints : les CEMEA Ile-de-France, la Prévention spécialisée à Dunkerque, le foyer Duquesne à Dieppe, ainsi que des artistes comme les comédiens du théâtre du Signe ou Mme Joëlle Naim, artiste plasticienne, de même dans les autres pays des groupes de travail se constituent (cf. listes de participants du réseau). Nous sommes actuellement en train de poser les bases d’une nouvelle dynamique collective.Nous visons à explorer une intention et une question : « en quoi écouter les jeunes des quartiers populaires et les accueillir dans leur métamorphose adolescente permet de soutenir leur créativité, leur désir de participation, leur désir de rencontrer l’autre, caractéristiques élaborées dans cette notion d’« inspiration démocratique » définie par Philippe Gutton ? » Nous faisons l’hypothèse que reconnaître ces dynamiques adolescentes, les accompagner permet aux jeunes de vivre ces transformations, qu’elles contribuent alors à la vie démocratique et à lutter contre les fermetures dans le repli et dans la haine.

 

Quatre thématiques de travail sont en cours d’élaboration, elles seront mises en œuvre dans des démarches avec les jeunes et seront l’objet d’une analyse réflexive partagée avec l’ensemble des participants. Le réseau « Jeunes, inégalités sociales et périphéries », un lieu d’initiatives collectives portées par les participants. Des rencontres et des échanges entre jeunes des périphériesLes rencontres, les échanges au sein de ce réseau donnent naissance à des initiatives en lien indirect avec ces recherches-actions et poursuivent des travaux déjà engagés par Joëlle Bordet avec des partenaires du réseau.Ainsi, l’association 2KZ, très dynamique à Decazeville (Aveyron), a accueilli des partenaires étrangers dans le cadre de la fête des langues et a organisé de grandes rencontres, ainsi des chercheurs, des pédagogues, des jeunes russes, sénégalais, palestiniens ont été accueillis par l’association. Dernièrement des jeunes de ce territoire sont allés à Rome rencontrer et échanger avec des jeunes accueillis par les CEMEA de Rome présents à la rencontre de la première recherche-action à Souillac. Un séminaire de recherche collective avec l’association Beit Ham à Jérusalem animé par Henri Cohen Solal, Edgar Laloum, Joëlle Bordet, Eyad Allaq. Depuis de nombreuses années, l’association Beit Ham a développé des lieux d’accueil de jeunes dans les quartiers populaires en Israël en référence à la psychothérapie institutionnelle et au métier d’éducateur de rue créé en France. Ces lieux accueillent des jeunes de multiples origines. Dans cette dynamique des liens ont été tissés avec des associations palestiniennes et des acteurs de la paix.

 

Un séminaire « Penser l’autre » a été mis en œuvre pendant plus de dix ans avec des responsables éducatifs, des cliniciens, des « accueillants » des jeunes français, israéliens, palestiniens. Soutenir de telles initiatives et ne pas renoncer « à penser l’autre » dans le contexte israélo-palestinien constitue un défi difficile et suppose une grande obstination. Dans la dynamique de ce réseau nous visons à tenir cette option tout en respectant au mieux les approches de chacun dans leur complexité et à créer les conditions de la rencontre et de l’échange. En novembre prochain nous faisons un séminaire sur le thème de nos travaux et participerons à l’événement concernant « Jérusalem, ville de médiation » créé par Henri Cohen Solal et Eyad Allaq, professeur à l’université d’Al Quds à Jérusalem-Est. Une longue coopération avec l’institut pédagogique de Tcheliabinsk (Oural) et la mise en œuvre d’espaces d’échanges avec l’ensemble des pays impliqués dans le réseau dont des pédagogues chercheurs ukrainiens. Dans le cadre de coopération avec les CEMEA, Joëlle Bordet a développé depuis plus de vingt ans avec Michel Duterde, responsable et militant des CEMEA, des travaux de recherche et d’intervention avec les responsables et les chercheurs, les pédagogues de l’Institut pédagogique de Tcheliabinsk. Présent dès la période de la Pérestroïka, nous avons vu se transformer cette société et en particulier les écoles et les lieux d’accueil des adolescents, nous avons eu la chance de pouvoir être présents, d’en dialoguer avec les collègues russes. La participation à ce réseau s’inscrit dans cette dynamique.

 

La mise en place d’échanges par les CEMEA français entre pédagogues russes, français, ukrainiens a permis un enrichissement de ces démarches. La participation à ce réseau des collègues russes et ukrainiens nous met dans une responsabilité particulière et nous souhaitons là aussi « ne pas renoncer à l’autre ». Cette dynamique nous conduit à réfléchir aux significations de ces conflits pour les jeunes et pour ceux qui les accompagnent. Une longue coopération avec les chercheurs psychologues et psychosociologues du Brésil et la création d’espaces de recherches partagées dans la dynamique des transformations de l’action publique au Brésil. Dans la dynamique des échanges et des travaux menés par les psychosociologues brésiliens et Français, en particulier dans le cadre de l’association du CIRFIP, Joëlle Bordet a développé des coopérations actives avec Fatima Sudbrack à l’Université fédérale de Brasilia, et avec Teresa Carreteiro, Professeur à l’Université à Rio. Les travaux menés dans le champ des politiques publiques visant à protéger les jeunes en situation de vulnérabilité ont particulièrement fait l’objet d’échanges. La participation active de jeunes et de pédagogues brésiliens dans la première recherche-action du réseau a ouvert de nouvelles perspectives et permet d’envisager une grande implication dans les nouvelles expérimentations.

 

La participation de membres du réseau à un congrès national concernant l’adolescence des jeunes en situation de vulnérabilité est envisagée pour décembre 2015. D’autres projets et coopérations concernant les thèmes de recherches collectives du réseau sont en cours d’élaboration avec Mama Sow, les CEMEA du Sénégal et l’institut d’Education populaire et des sports de Dakar (Sénégal), de même avec les collègues psychosociologues et les militants de l’éducation des CEMEA de Rome (Italie), Giuseppe Carollo et Francesca Dolcetti. [1] Droit de cité. Revue. Adolescence. Directeur Ph. Gutton. 2007.[2] Direction Jeunesse d’Echirolles et Saint-Jean-de-la-Ruelle ; Association ASPIC à Saint-Etienne-du-Rouvray et Feu Vert Paris 20ème ; Lycées de Troyes et de Souillac.[3] Italie, Palestine, Israël, Brésil, Ukraine, Sénégal, Russie, France.

Le réseau en images

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